La raison
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Définition simple
La raison est la capacité à :
- réfléchir rationnellement, distinguer le vrai du faux (raison théorique)
- agir de manière raisonnable, distinguer le bien du mal (raison pratique).
-> Voir la carte mentale
Définition approfondie
La raison est la faculté mentale qui permet à l’esprit humain d’organiser ses relations avec le réel : le comprendre (raison théorique), et agir sur lui (raison pratique). Il faut donc distinguer deux dimensions de la raison : sa dimension théorique (teoria en grec = contemplation au sens intellectuel : capacité à penser abstraitement, à saisir le réel sous forme d'idées), et sa dimension pratique (praxis en grec = capacité à agir sur le réel en appliquant des connaissances).
- La raison est d'abord la capacité au calcul logique (ratio en latin = calcul), c'est-à-dire le fait de penser rationnellement, en suivant des règles universelles de logique (ne pas se contredire, par exemple). La raison renvoie donc en premier lieu à notre capacité à ne pas faire d'erreur logique dans nos raisonnements, donc à distinguer le vrai du faux.
- La raison est ensuite une capacité à bien agir, de manière raisonnable, selon des principes moraux qui guident notre existence vers le bien. La raison est donc ce qui nous permet de distinguer le bien du mal, et donc ne pas faire de fautes morales.
-> Voir les repères conceptuels en théorie – en pratique et vrai – probable – certain.
questions
- Lecon 1. L'usage de la raison est-il le meilleur moyen pour être heureux ? Le bonheur consiste-t-il dans une vie sage, rationnelle, raisonnable, ou au contraire dans une vie d'excès et d'intempérance ?
- Lecon 2.
- La raison est-elle le propre de l'homme ? Dans quel mesure un animal ou une machine sont-il capables de raisonner ?
- Penser, est-ce seulement raisonner ? La pensée humaine se limite-t-elle à raisonner de manière logique (hypothèse fonctionnaliste), ou implique-t-elle quelque chose de plus : l'intuition, la conscience, l'intelligence de la situation ?
problématiques, Grandes thèses et arguments vue en cours
- Quel genre de vie peut nous mener au bonheur ? Le bonheur consiste-t-il dans la raison ?
- Aristote voit la raison comme le moyen principal pour atteindre le bonheur. La raison théorique est ce qui permet de développer une vie contemplative, consacrée à la connaissance et à la recherche de la vérité (vie du savant, du philosophe). Mais l'on peut aussi être heureux par le développement de la raison pratique dans la vie politique : pas celle qui cherche simplement les honneurs, mais la vie citoyenne, consacrée à la construction d'une cité juste, et qui repose sur notre capacité à distinguer le bien du mal. La vie contemplative et la vie politique peuvent mener au bonheur car ce sont des vie vertueuses (vertu = excellence), propres aux être humains (les animaux sont incapables de mener ce genre de vie), et dans lesquelles nous pouvons exceller, atteindre la perfection.
- Socrate, dans "Gorgias" de Platon, considère aussi que la raison rend heureux, mais en un sens différent d'Aristote : la raison est ce qui permet de limiter nos désirs, de comprendre qu'il faut se contenter de peu.
- Épicure défend la même idée : être raisonnable, c'est limiter nos désirs à ceux qui sont naturels et nécessaires, et donc atteindre l'ataraxie, la tranquillité de l'âme, l'abence de troubles.
- Pour un stoïcien comme Épictète, la raison est aussi bien le destin, la Raison Universelle, que notre capacité individuelle à nous sooumettre à ce destin. Pour être heureux, il faut donc accepter nore sort, car nous ne pouvons rien contre lui, mais aussi nous concentrer sur ce qui est réellement libre en nous, le jugement et la volonté, qui dependent entièrement de nous.
- Dans "Gorgias", Calliclès remet radicalement en cause cet empire de la raison sur nos existences. La raison morale n'est que l'arme des faibles pour limiter la puissance des forts. Être heureux, c'est au contraire être déraisonnable, c'est satisfaire tous nos désirs et empêcher la raison de les restreindre.
- La raison est-elle le propre de l'homme ? Penser, est-ce seulement raisonner ?
- Descartes considère que la pensée est le propre de l'homme, car il est le seul à pouvoir exprimer par le langage des idées, alors que l'animal n'est capable que de réagir à des stimuli physiologiques. Il y aurait donc une différence de nature(*) entre l'homme et l'animal : le second n'est qu'un corps, qui fonctionne de manière mécanique, alors que le premier, en plus du corps, possède une âme, capable de pensées abstraites.
Montaigne, à l'inverse, ne voit pas qu'une différence de degrès(*) entre l'homme et les autres animaux, capables comme nous d'ouvrages techniques et de raisonnements logiques, à l'image du renard qui raisonne pour traverser un lac gelé.- (*) Vocabulaire : Une différence de nature est une différence qualitative entre deux choses (l'une possède une qualité, ou caractéristique, absente dans l'autre). Une différence de degrès est une différence quantitative entre deux choses (les deux possèdent les mêmes qualités, mais en quantité différente).
- Une machine pense-t-elle ? Si on réduit la pensée à de simples algorythmes, a des raisonnements logiques, alors on peut considérer, comme Alan Turing, qu'une machine pense. L'argument de Turing repose sur son jeu de la simulation : une machine capable de simuler toutes nos opérations mentales et d'être capable de se faire passer pour un être humain peut être considérée comme une machine pensante (hypothèse fonctionnaliste). Searle répond à Turing par son expérience de pensée de la chambre chinoise : un humain comme une machine peuvent être capables de traiter des informations et répondre à des questions, mais sans les comprendre. Dans ce cas, s'il manque la compréhension, on ne peut pas parler de réelle "pensée". Or, à la différence de la machine, l'humain est capable de compréhension, et donc le seul à pouvoir penser réellement.
- Descartes considère que la pensée est le propre de l'homme, car il est le seul à pouvoir exprimer par le langage des idées, alors que l'animal n'est capable que de réagir à des stimuli physiologiques. Il y aurait donc une différence de nature(*) entre l'homme et l'animal : le second n'est qu'un corps, qui fonctionne de manière mécanique, alors que le premier, en plus du corps, possède une âme, capable de pensées abstraites.